Quand ça ne se passe pas comme prévu: Le dépassement de terme & la césarienne.

césarienne

Je suis émue de publier aujourd’hui le témoignage de Océane qui s’était préparée à accoucher en Maison de Naissance mais qui a finalement du subir une césarienne. Elle nous livre un récit plein de pudeur où on devine la déception mais où on mesure également son courage.

J’avais entendu parler de l’ouverture de la maison de naissance PHAM à la radio et quand je suis tombée enceinte cela a été une évidence pour moi : mon accouchement serait naturel et respectueux.

Malheureusement, rien ne s’est déroulé comme prévu…

Nous avons rencontré Mathilde et Gisèle dès le début de ma grossesse et nous avons commencé notre accompagnement global à raison d’une rencontre par mois avec chacune d’entre elles à la maison de naissance. Ma grossesse se déroulait pour le mieux et nous étions ravis.

Nous avons commencé à suivre les cours de préparation à l’accouchement vers le 7ème mois. Il s’agissait de réunions collectives, organisées à la maison de naissance et animées par une sage-femme. C’était des moments d’échanges sur l’accouchement mais aussi l’occasion d’écouter des témoignages de mamans sur leurs précédentes expériences.

Je me souviens d’une maman qui avait subi une césarienne et qui était suivie pour un accouchement au plateau technique. Nous avions alors évoqué les situations qui ne permettaient pas d’accoucher en maison de naissance : un accouchement par césarienne lors d’une précédente grossesse en faisait partie. 

Au cours de ces rencontres, nous avions aussi entendu que 30% des femmes étaient transférées à la maternité lors d’un premier accouchement. Nous avions parlé d’une manière générale de toutes les situations à envisager, aussi bien des bonnes que des mauvaises.

Tout allait pour le mieux jusqu’au jour où j’ai dépassé le terme ; c’est à ce moment-là que nous avons commencé à nous inquiéter. Nous savions que si le travail ne débutait pas dans les prochains jours, notre projet de naissance ne serait plus possible. Passé le terme, il y avait un protocole assez strict à respecter, nous devions faire des échographies tous les deux jours pour s’assurer que le bébé allait bien. Mathilde, qui était très présente, nous avait conseillé de passer une des échographies à l’hôpital pour nous faire connaitre. Elle avait d’ailleurs prévenu la maternité du CHPO que j’avais dépassé le terme.

Pendant les 6 jours qui ont suivi, nous avons entrepris tout ce qui était possible pour déclencher l’accouchement naturellement : les tisanes de framboisier, les escaliers en courant, les randonnées, l’huile essentielle de clou de girofle, l’ostéopathie, etc.. Nous avons testé toutes les méthodes possibles. La seule chose qui ait fonctionné pour nous, ce sont les câlins ! C’est après un rapport que j’ai perdu le bouchon muqueux (J+4) et un autre que j’ai perdu les eaux (J+6). L’espoir était revenu.

J’avais tout de suite prévenu Mathilde et elle m’avait questionné sur la couleur de mon liquide amniotique ; moi je le voyais transparent et c’est ce que je lui avais répondu. Mais quand elle est arrivée à notre domicile, elle m’a affirmé que le liquide était teinté et que cela signifiait que mon bébé avait été stressé. Elle a surveillé son cœur au monitoring puis nous a donné les consignes pour continuer à le faire seul. Il fallait que le travail débute rapidement. 

Malheureusement, aucune contraction ne venait et Mathilde a dû appeler la maternité pour les informer de la situation. Le chef de service a demandé mon hospitalisation en vue d’un déclenchement à la première heure le lendemain. Il avait malgré tout accepté d’attendre Mathilde pour que je puisse accoucher au plateau technique mais ça n’a pas été le cas et j’ai été déclenchée à mon arrivée à l’hôpital, il était minuit.

Nous étions dans une petite pièce, lumière tamisée. J’avais à disposition un ballon, un tapis et une douche. Les premières contractions ont commencé à 3h. Ce n’était pas comme je l’imaginais, les contractions ont tout de suite été très fortes et rapprochées, il n’y a eu quasiment aucune évolution dans leur intensité et leur fréquence. La douleur était telle que je ne pouvais rien faire, ni m’allonger, ni utiliser le ballon. Je faisais les 100 pas dans la pièce et je partais toutes les 5 min sous la douche. Éric me regardait impuissant.. Cela a duré jusqu’à midi et mon col n’était ouvert qu’à 2 cm. Après une nuit blanche, j’étais épuisée, je me sentais seule et découragée.. j’ai alors accepté la péridurale qu’on m’avait proposée à plusieurs reprises.

J’ai ensuite été transférée dans une salle aménagée. Je ne sentais plus aucune contraction et je regrettais d’avoir accepté la péridurale. Moi qui étais si forte d’habitude, je n’avais pas été capable d’assumer cette douleur, je ne comprenais pas, je m’en voulais. J’ai donc demandé aux sages-femmes de diminuer la dose, je ne voulais pas ce genre d’accouchement. Et puis la douleur est revenue mais ce n’était pas la même, mon col était ouvert à 9 cm et mon bébé était bientôt là, enfin.

Les minutes défilaient et plus rien n’évoluait. Je n’étais plus moi, la douleur était tellement forte, je ne parlais même plus, j’essayais de respirer profondément et de faire le vide. Puis mon bébé a commencé à faire de la tachycardie. C’est alors qu’un groupe de personnes est arrivé dans la pièce et ils ont emmené Éric. Ils m’ont dit que mon bébé n’allait pas bien et que je devais subir une césarienne en urgence. J’ai été transférée au bloc et ils m’ont fait une anesthésie locale. Je pleurais, de peur, de déception, et l’équipe essayait tant bien que mal de me remonter le moral.

Mon fils ne respirait pas quand il est né et il a été emmené tout de suite dans une pièce à côté. C’est après quelques minutes qu’on me l’a présenté, juste le temps de l’embrasser car j’ai ensuite été transférée dans une salle de repos.

Pendant ce temps, Éric a rejoint Zachary et ce n’est que 2 heures plus tard que j’ai pu enfin les retrouver et prendre mon fils dans mes bras.

Nous sommes restés 4 jours à la maternité. Pendant ce séjour, nous avons eu la visite de Mathilde et Gisèle, et nous avons également rencontré une conseillère en lactation qui m’a beaucoup aidée. Zachary pleurait sans cesse, il avait faim car je n’avais pas de lait. Nous avons dû utiliser un Dispositif d’Aide à la Lactation et donner du lait artificiel à Zachary pendant ses premiers jours. J’ai dû attendre ensuite 10 jours pour avoir ma montée de lait et cela a été très dur. Nos efforts ont tout de même porté leur fruit car la lactation s’est bien installée par la suite et j’allaite toujours mon fils qui a aujourd’hui 2 ans et demi.

Même si j’ai vécu cet accouchement comme un échec, l’arrivée de notre fils nous a fait tout oublier et il nous rend heureux un peu plus chaque jour. Zachary avait un cordon court autour du cou et la césarienne était inévitable..

Je m’appelle Océane, j’ai 36 ans. J’avais choisi de ne pas avoir d’enfants par conviction écologique jusqu’au jour où j’ai rencontré Eric, ma moitié. Nous avons rêvé de notre fils et depuis sa naissance, nous l’aimons plus que tout. Aujourd’hui, nous essayons de l’élever dans la bienveillance, le respect d’autrui, des animaux et de l’environnement, en espérant qu’il puisse se construire autour de ces valeurs et profiter d’une vie riche en partage et en découverte.

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