Julie, musicienne passionnée de nature, de danse, a tout de suite voulu un accouchement naturel où elle pourrait écouter son corps, et dans un lieu chaleureux où elle pourrait se sentir en confiance et bien. Manala est vite devenue une évidence répondant à tout cela et son conjoint Olivier l’a suivi volontiers dans cette aventure. Leurs deux petites filles y sont donc nées, la petite Armine le 9 août 2017, suivi de sa petite sœur Valentine le 14 septembre 2019.
J’ai eu la grande chance de vivre deux grossesses sans problème, et les deux accouchements de même. Mais ils ont été très différents dans le ressenti. Et les deux puces ont joué le suspens, mais pas de la même façon.
Armine 2017
Ma puce n°1 m’a bien empêchée de dormir le 9ème mois, et j’étais donc très fatiguée, au point que j’avais peur que si elle se fasse trop attendre, je n’ai pas la force d’accoucher naturellement. Une semaine avant le terme, j’ai donc décidé de laver les carreaux pour donner un coup de pouce, vu qu’on m’avait dit que c’était radical. Pendant que je lavai les carreaux, je remarquai une certaine régularité dans les contractions non douloureuses qu’on a en fin de grossesse… pendant un certain temps, toutes les 10 min. Puis elles se sont espacées, pour devenir négligeables. Un instant j’y avais cru !!
Puis le soir, elles ont recommencé à devenir plutôt régulière, en moyenne toutes les 15 minutes. Bien que toujours non douloureuses, j’ai quand même fini par appeler la sage-femme d’astreinte vers 22h30. Après descriptions des dites contractions, elle m’a tout de suite assuré que ce n’était pas des vraies contractions. Par contre, j’avais eu des pertes assez liquides dans l’après-midi, et du coup elle préférait faire un contrôle à la maison de naissance pour vérifier que ce n’était pas du liquide amniotique dû à une possible fissure de la poche des eaux. Nous avons donc réuni toutes les affaires pour l’accouchement dans le cas où ça y est, il faudrait rester là-bas, et en route.
Nous sommes arrivés à minuit. Le contrôle a révélé qu’il n’y avait pas de fuite, et l’examen de mon col, bien fermé, a révélé que l’accouchement n’était pas pour tout de suite…déception… Cet épisode m’a par contre donné envie d’accoucher de nuit : l’atmosphère était tellement paisible et tranquille à la maison de Naissance, avec des éclairages doux. C’était une ambiance encore plus tranquille et chaleureuse que de jour.
3 jours plus tard, j’ai perdu le bouchon muqueux. Puis dans la nuit, à 2h du matin, j’ai commencé à avoir des contractions différentes : douloureuses dans le bas ventre, la douleur allant en vague, avec une envie de retenir son souffle au moment le plus douloureux de la vague. Comme cela m’avait réveillée et m’empêchait de me rendormir, je me suis levée et ai noté leur fréquence à partir de 5h : toutes les 10 minutes ! C’est resté ainsi jusque 7h du matin, puis elles ont commencé à s’espacer, jusqu’à s’arrêter. Elles ont repris dans l’après-midi, environ toutes les 30minutes. Cette fois, je n’ai pas appelé la sage-femme, car nous devions de toute façon la voir à 17h à la Maison de naissance pour un contrôle. J’espérais fortement que cette fois il y ait quand même un peu de vrai travail dans tout ça, ne pas avoir fait une nuit blanche pour rien ! Hélas…La sage-femme a dit que c’était maintenant de vraies contractions, mais que le travail n’était pas encore déclaré, que ça pouvait très bien attendre encore plusieurs jours. Elle a dit cependant que tout cela n’était pas inutile et préparait le col : elle put passer un doigt, et toucher la tête de bébé !
Le soir même, nous avons pris un bon bain avec mon chéri, dans l’espoir que cela calme un peu mes contractions « bidons ». Nous nous sommes couchés vers minuit, et j’étais bien décidé à passer une bonne nuit. Hélas, à 1h10, alors que je venais à peine de m’endormir (couchée à minuit ne voulait pas dire endormie à minuit…) j’ai été réveillée brusquement par une contraction bien douloureuse. Cette fois, refusant de passer à nouveau une nuit comme la dernière, j’allais prendre de suite un cocktail que m’avait préparé la sage-femme, et qui selon elle stopperait les contractions de faux travail : 2 Spafons, un Doliprane et un comprimé de magnésium. Je me recouchai sûre de dormir. Que nenni, le cocktail n’eut aucun effet… J’attendis un peu, puis je me suis levée, car les contractions étaient vraiment trop douloureuses au niveau du bas ventre en restant couchée.
Je me suis mise devant un film, et à chaque fois que je sentais une contraction venir (environ toutes les 10 minutes), je me levais et marchais, en me tenant bien droite, les épaules en arrières, et en soufflant bien. Ça a continué ainsi jusque 8h30, j’ai eu le temps de faire quelques kilomètres dans la maison ! A 7h j’ai appelé la sage-femme, mais malheureusement elle m’a dit qu’un espacement de 10min entre les contractions n’était pas encore assez significatif, surtout si c’était sans changement depuis 6 heures. Elle me dit de la tenir bien sûr au courant, mais que peut-être ça ne serait encore que pour demain voir après. Haaaarg !!!
Les contractions ont continué à peu près à la même fréquence jusque 10h30, puis ont commencé à s’espacer toutes les 20min. Comme mon chéri était maintenant réveillé et avait renoncé à aller travailler, il pouvait m’aider à me lever vite au moment de la contraction, me permettant d’un peu me reposer entre. Autrement seule, une fois la contraction démarrée, je n’arrivais plus trop à bouger, et elles étaient trop pénibles en restant allongées ou assises. A 14h, les contractions s’étaient remises à être régulières toutes les 10min et entretemps, la sage-femme nous avait donné un rendez-vous au cabinet à 17h pour faire le point. J’espérais que 16 heures de contractions auraient quand même donné quelque chose, une petite ouverture du col à ce stade serait appréciable!
Au cabinet, la sage-femme refit un monitoring, qui confirma grosse contraction toutes les 10 minutes, avec une petite au milieu à 5 minutes… puis contrôlât mon col : rien de nouveau à ce niveau là…
A nouveau, elle nous dit que malheureusement, ça pouvait stagner à ce stade encore facilement une journée. Que c’est que quand il y aurait de réelles contractions intenses toutes les 5 minutes, que le travail serait confirmé comme étant en route. Je commençai à vraiment me dire que je n’y croirais que quand je perdrais les eaux…
Nous prîmes le chemin du retour, et là dans la voiture, la contraction au milieu à 5 minutes, commença à devenir aussi intense que celle à 10minutes. Le temps d’arriver à la maison, c’était confirmé que j’avais bien maintenant des contractions toutes les 5 minutes. Mais nous avons encore attendu avant de rappeler la sage-femme, afin d’être sûrs. Nous finîmes par le faire vers 20h je crois, et là ça y est, il fut décidé de se mettre en route pour la Maison de Naissance ! Il fut convenu de se retrouver là-bas pour 22h. Etait-ce enfin la bonne ??!
Arrivés à Manala, nous nous sommes installés dans une chambre. Envahie par les hormones, je n’ai pas trop vu le temps passer. Avec la lumière douce, le disque de théorbe et surtout les bras de mon chéri, je me sentais bien, et forte pour gérer les contractions. J’ai beaucoup hurlé, mais c’était bizarre, c’était comme si mon corps hurlait, mais moi j’allais très bien. Bien sûr j’avais mal, mais j’étais tellement dans un état second avec les hormones que ce n’était pas grave…enfin encore une fois, c’est dur de trouver les mots pour l’expliquer, tellement c’était un ressenti étrange.
A un moment, j’ai eu l’impression d’être partie, et de revenir d’un coup, je n’aurai pas su dire ce qu’il c’était passé avant: les contractions s’enchaînaient sans interruption, et je criais et sanglotais. Ce n’était pas à cause de la douleur, mais parce-que j’étais en train de voir défiler ma vie, enfin plus précisément toutes les choses qui ont été difficiles dans ma vie. J’avais perdu tout contrôle, et quelque part très loin j’entendais la sage-femme dire doucement à mon chéri: « On dirait qu’elle en avait des choses à évacuer! ». Ça a été le moment le plus étrange de mon accouchement, et pourquoi, là dans ce moment précis ??…
Puis je suis revenue à moi, et j’ai pensé « Mais chic, ça devait être la phase de désespérance, petite puce doit être sur le point d’arriver! ». Déception cruelle, ce n’était pas le cas. Je crois qu’il était 3h du matin, et la sage-femme m’a examinée. Elle n’a rien dit, ce n’est que plusieurs jours après qu’elle m’a avoué qu’alors j’étais seulement à 3cm…
Les contractions se sont calmées, et repassées à une toutes les 10min. J’ai paniqué, pensant que le travail était en train de se stopper, et que j’allais devoir être transférée. Epuisée, je me suis alors endormie entre chaque contraction.
Le travail a fini par reprendre, et je n’arrivais plus à gérer les contractions, donc on a fait couler un bain qui m’a soulagée. Le petit matin a fini par arriver, je n’en pouvais plus, et j’avais très peur de ne plus y arriver…Les sensations ont changé, j’ai senti que la tête de la puce était en train de se frayer son chemin dans le bassin. J’ai commencé à perdre du sang, la douleur est devenue plus intense. Je ne sais pas combien de temps ça a duré, puis la sage-femme est allée en chercher une autre pour enfin la phase finale !
Le monitoring ne tenait pas bien quand j’étais debout (position que j’avais adoptée pour toutes les dernières contractions), donc elles m’ont demandé de m’allonger sur le côté, et c’est comme ça que la petite puce est née. Je n’ai pas eu à réfléchir pour pousser, cela se faisait tout seul, je n’aurai pas pu le retenir. J’ai cru une première fois que ça y est la tête de la puce était sortie, mais non je venais juste d’enfin perdre les eaux! Un peu plus et je faisais un bébé coiffé !
10h01, ça y est, la petite puce était là, on l’a posée sur moi, où elle m’a presque immédiatement couverte de méconium…ça a malheureusement gâché le peau à peau, car j’avoue que du coup très rapidement j’ai préféré filer dans la douche… Mais heureusement elle a pu le faire avec son papa qui a pris le relais.
C’était finalement un accouchement bien intense, avec ces 33 heures au total de contractions douloureuses, mais le souvenir qui prédomine, c’est cette douceur et cette tendresse avec mon chéri, la chaleur de l’éclairage doux, la quiétude de la musique, la confiance et le soutien que m’a apporté ma sage-femme…La douleur, la fatigue, tous les aspects « techniques », etc, ce n’est que si je creuse comme ici pour témoigner en détail, ce n’est pas ce que je retiens en premier lieu de ce moment si particulier. Le pouvoir des hormones et du corps est quelque chose de fou, la nature est vraiment bien faite. En maternité classique, je suis à peu près sûre que comme ça traînait, ils auraient percé la poche des eaux, mis une piqure d’ocytocine, etc. Comme je me félicite d’avoir choisi la Maison de Naissance !
De retour à la maison, c’était tellement agréable d’être tout de suite chez nous, pas dérangés, dans notre bulle. Et complètement confiant et rassurés avec les sages-femmes qui passaient une fois par jour, et que nous savions pouvoir appeler au moindre souci.
Valentine 2019
Donc c’était bien sûr évident pour nous de remettre ça avec puce n°2 qui s’est annoncée deux ans plus tard.
Pour celle-ci, pas de fausses alertes. Pas non plus de grosse fatigue, car contrairement à sa grande sœur, elle ne m’a pas empêchée de dormir le 9ème mois. Donc j’avais juste envie qu’elle arrive le jour précis du terme, car c’était une belle date : 09/09/2019.
Mais le jour J, même en ayant envie d’y croire, je sentais bien que la miss n’avait pas envie de bouger de son cocon où elle était visiblement encore très à l’aise avec plein de place, vu comme elle y dansait.
Effectivement, le 9 a passé, puis le 10…Le 11 j’ai encore fait une belle balade à vélo d’1h30 en toute confiance, je sentais que ça n’allait pas se déclencher…
Du coup, je suis entrée par contre dans le processus du dépassement de terme : contrôles toutes les 48h et je sentais le tic-tac du chronomètre : il fallait que j’ai accouché avant le 15 minuit, date buttoir pour pouvoir accoucher à Manala…après cela, le protocole imposait un rendez-vous à la maternité proche pour un déclenchement…mais ce scénario-là, je n’y croyais pas : je sentais que l’air de rien, la puce préparait son arrivée : je sentais qu’elle était de plus en plus basse, et les contractions devenaient plus fréquentes et plus intenses, même si je savais que ce n’était pas encore les vraies.
Le 13, les contractions demandaient d’être accompagnés avec une bonne respiration, même si elles étaient loin d’être douloureuses comme celles du faux travail qui avaient précédé ma première puce. J’ai proposé à mon chéri d’aller se promener à pied vers le marchand de glaces, et là je lui ai fait la réflexion que je sentais puce n°2 tellement basse dans le bassin, que j’avais l’impression qu’elle allait tomber par terre…
Vers 18h, les contractions s’espaçaient de 5 à 10 min, douloureuse mais tout à fait gérables en restant assise et en respirant bien. Comme ça avait quand même l’air de s’annoncer peu à peu, nous avions confié puce n°1 à ses grands-parents pour la journée et la nuit. Nous avions donc une soirée tranquille devant nous. Nous avons mangé, et nous sommes installés devant un film, nous disant que ne pas se focaliser sur les contractions seraient mieux, comme en plus elles ne me demandaient pas d’être debout à me promener. Nous n’étions quand même pas du tout sûr que ça serait pour cette nuit-là
Puis vers 22h, nous avons décidé d’appeler la sage-femme : les contractions étaient quand même intenses, et espacées de 3 à 10min.
Mais comme il fallait s’y attendre, elle nous annonça que ce n’était pas du vrai travail comme ce n’était pas espacé très régulièrement à la même cadence…
La soirée s’est poursuivi ainsi, et vers minuit trente, j’ai décidé d’aller prendre une douche, pour voir si ça calmerait le faux travail pour pouvoir dormir. Une fois ma douche prise, je me suis allongée dans le canapé, le temps que mon chéri prenne aussi sa douche. Et là les contractions sont devenues négligeables, ce qui m’a confirmé que c’était encore bidon…
Puis, au moment où je me suis levée, les contractions ont repris, très fortes. Je suis montée, et mon chéri m’a dit de m’allonger sur le lit pour voir si ça les calmait à nouveau. Mais non, là impossible, c’était insupportable en restant allongé, et elle continuait de s’enchaîner assez rapidement, même si ce n’était toujours pas gentiment de 5min en 5min…c’était 3, 7, 5, 2…
Mon chéri a alors appelé la sage-femme, pour lui demander si nous pouvions venir finir la nuit à Manala, car ça semblait quand même s’annoncer…nous nous sommes mis en route, et j’ai fait les 45min de trajet accroché comme une noyée à la poigné de la portière…Les contractions s’enchaînaient toutes les 3 ou 4 min. Nous sommes arrivés à 3h. Pas le temps de se mettre dans un cocon comme pour l’arrivée de puce n°1 avec de la musique ou autre. Les contractions s’enchaînaient tellement vite, que nous n’avions pas le temps de penser ou faire autre chose. Je laissais mon corps faire, mais me sentais beaucoup plus consciente que lors de mon premier accouchement. Je pense tout simplement parce-que je n’étais pas droguée de fatigue.
Au bout d’un moment (il devait être environ 4h15 ou 30 je pense), j’ai même eu la réflexion, que je comprenais pourquoi des mamans finissent par choisir la péridurale. Optimiste, je me disais qu’il devait y en avoir pour encore au moins 3h, vu que ce serait sûrement quand même plus court que la première fois, et que 3h encore comme ça, ça allait être chaud. Mais c’est alors que stupéfaite, j’ai eu l’impression de sentir la tête de puce n°2 arriver. Nous avons appelé la sage-femme, qui a confirmé !
Elle a cherché la 2ème sage-femme, la poche d’eau s’est rompue et le moment de la poussée est arrivé. J’étais à quatre pattes appuyée sur un ballon. Et là, blocage…le souvenir de la sensation de boule de feu de la première fois me retenait de pousser…J’ai crié « à l’aide ! », je ne savais plus quoi faire, et j’avais envie qu’elles aillent attraper le bébé pour éviter la douleur de la poussée. Mais j’ai respiré, elles m’ont aidée à me calmer, et j’ai laissé bébé arriver. A 4h57, notre petit ange était là, toute belle, toute calme, toute en forme. Elle a trouvé le sein toute seule, et j’ai cette fois profité d’un beau et long peau à peau.
Mettre au monde un enfant à Manala (et j’imagine dans n’importe laquelle des Maisons de naissance), ce n’est pas seulement accoucher dans un lieu harmonieux, paisible, chaleureux où on vous laissera vous installer comme vous le sentez le mieux pour gérer contractions et mise au monde. Mais c’est aussi être accompagnés (au pluriel, car papa est inclus !) pendant 9 mois et encore au-delà, par de merveilleuses sages-femmes, qui vous donne confiance en vous-même, en votre corps, sont à l’écoute de toutes vos questions et même de vos états d’âmes. Merci à elles de leur disponibilité, gentillesse et patience, et de nous avoir permis de mettre au monde nos deux merveilles dans de si belles conditions !