C’est Marine, aujourd’hui qui nous confie le récit de la naissance de son fils. Il est né à PHAM à Bourgoin Jallieu.

La liberté de choisir

J’avais entendu parler des Maisons de Naissance bien avant de tomber enceinte et déjà à l’époque le suivi global, l’accouchement physiologique et le retour précoce à la maison m’avaient interpellé.

C’est pourquoi quand j’ai appris que j’attendais un enfant, j’ai tout de suite cherché une maison de naissance près de chez moi. Par chance une très bonne amie, déjà maman de 2 bouts de chou et enceinte du 3 ème , m’a tout de suite orienté vers PHAM et vers la sage-femme qui l’a suivie pour ses trois grossesses. C’est comme ça que j’ai fait la rencontre de Nathalie et Laurine, le super binôme qui m’a accompagné tout au long de cette aventure.

Le suivi global : nos envies

Avec mon conjoint Alex, nous avions choisi l’haptonomie comme préparation à la naissance et de mon côté j’ai également pris quelques cours de sophrologie et lu de nombreux livres, notamment « J’accouche bientôt, que faire de la douleur ?» qui pour moi est un petit bijou.

Ainsi, plus les mois passaient, plus je me sentais prête à vivre la naissance de mon bébé le plus naturellement possible. J’étais déterminée à mettre au monde notre petit garçon à PHAM avec Nathalie ou Laurine à mes
côtés.

Une bulle de douceur pour un beau bébé

Lors de ma dernière échographie, la sage-femme m’a annoncé un « beau » bébé, entre 3.8 et 4.2 kg, quand on sait que le papa et moi ont faisait tous les deux 4.1 kg à la naissance, je pensais bien que nous n’allions pas faire une crevette… Mais bon, malgré les remarques de mon entourage, j’avais une totale confiance en mon corps : je porte le bébé que mon corps peut mettre au monde.

Du coup quand j’ai ressenti les premières contractions du travail le 04 Janvier au matin, j’étais plutôt sereine et prête.

J’ai attendu que le travail se mette bien en place pour prévenir Nathalie et demander à Alex de revenir du travail.

En attendant, l’eau chaude de la douche était une vraie bénédiction pour soulager la douleur qui me titillait le bas du dos. Quand Alex est finalement arrivé, j’ai mis un petit moment à trouver le courage de me déplacer. La douleur n’était pas si insurmontable, c’est plutôt qu’allongée dans mon lit, j’avais trouvé un certain rythme de respiration qui me permettait de bien gérer. L’’idée de me lever, de descendre les escaliers et de monter en voiture, même pour 5 min de trajet me semblait compliquée… Mais bon, je n’étais pas encore prête pour l’accouchement à domicile, j’ai donc profité du répit entre 2 contractions pour descendre les 2 étages à toute vitesse et m’installer dans la voiture.

Après quelques minutes de route, nous arrivons à PHAM. C’est là que j’ai réalisé que la prochaine fois que je monterai dans la voiture, ce sera pour ramener notre fils à la maison… mais avant ça il me faut le mettre au monde…

À 13h j’étais à peine à 3 de dilatation… le chemin est encore long avant la rencontre, mais une fois installée sur le lit de la chambre « Bulle » dans l’ambiance douce et tamisée, avec Alex et Nathalie à mes côtés, je ne voudrais être nulle par ailleurs pour accueillir notre fils…

Apprivoiser la douleur

Les heures passent et mon corps s’ouvre petit à petit, il crée doucement l’ouverture qui permettra à notre bébé de venir à notre rencontre.

L’eau chaude de la douche qu’Alex fait couler doucement dans mon dos est un vrai soulagement à la douleur qui me tiraille. Mon esprit vagabonde entre la réalité et les souvenirs paisibles que j’essaie de lui projeter. Quand Nathalie me propose de m’installer dans la piscine, j’accepte avec grand plaisir. Petit à petit je commence à perdre pied, la douleur s’intensifie, elle monte progressivement dans mon dos, douce et intense à la fois.

Mon corps prépare le passage pendant que ma tête se met en sécurité dans la bulle que je lui ai préparé pendant ces long mois d’attente. La douleur va et vient, un peu plus forte à chaque fois mais à un rythme lent pour que j’ai le temps de l’apprivoiser. La respiration et le souffle sont mes plus précieux alliés. Les sons graves m’aident à verbaliser les multitudes de sensations qui me submergent, je visualise le chemin qui se trace pour montrer la voie à mon bébé.

Le temps passe, la douleur s’intensifie encore, bien au-delà de ce que je peux imaginer, au-delà de ce que je pensais être capable de supporter. Elle est de plus en plus forte. Je la sens venir du plus profond de mon ventre, inévitable, j’essaie de lutter, malgré la préparation . J’ai peur de ce qu’elle peut me faire, je sens mon cœur s’emballer quand la vague arrive douce mais forte, pleine d’énergie. J’ai l’impression que mon cœur, qui galope à toute allure, va s’arrêter d’un moment à l’autre. La peur me fait résister, la part rationnelle de mon cerveau lutte face à cette douleur, elle essaye de la maintenir dans une seule partie de mon corps pour éviter que je me noie et qu’elle me dévore toute entière. J’ai mal, très mal, mon cœur s’emballe, j’ai l’impression que je vais mourir…

Et puis doucement, cette petit voix au fond de moi me souffle de lâcher prise, de laisser mon corps faire, de lui faire confiance, il sait ce qu’il a à faire, je suis en sécurité ici avec Alex à mes côtés.

Alors, je lâche tout, j’autorise la douleur que je contenais jusque-là dans mon ventre, à prendre possession de tout mon être. Je la sens à chaque vague monter doucement et s’étendre toujours plus loin, jusqu’au bout de mes doigts, jusqu’à la pointe de mes cheveux. Tout est calme autour de moi, je renonce à la pesanteur et laisse l’eau me porter doucement. Je ne suis plus que sensation, mon cœur est en sécurité au milieu de la tempête qui gronde dans tout mon être. Je lui laisse les commandes, je perds complètement pieds, je ne sais pas ce qui se passe autour de moi, je suis loin, très loin, dans une part secrète et profonde qui ne se révèle que lorsqu’on se prépare à enfanter.

Et bientôt, la rencontre

Et puis quelque chose change, je la sens arriver, cette envie de pousser. Ma tête reprend les commandes mais cette fois elle n’est qu’à l’écoute de mon corps, la peur n’a plus sa place ici. Je change de position et commence à aider mon fils à trouver la voie. Je suis à quatre pattes dans la piscine, je sens Alex près de ma tête, Nathalie et Roselène à mes côtés qui massent énergiquement mes hanches endolories, mais tout est un flou, mon corps me crie de pousser, alors je l’écoute et je pousse, encore et encore.

Puis les minutes passent, longues et douloureuses, l’envie de pousser est de moins en moins présente, je ne sens pas bébé descendre. Nathalie ou Roselène place le monitoring de manière continue sur mon ventre… C’est à ce moment que je réalise que quelque chose ne se passe pas
comme ça devrait. Elles me proposent de sortir de l’eau afin de changer de position pour aider bébé à trouver un meilleur angle de poussé. Le ballon est une position insupportable pour moi, la position suspendue m’aide à retrouver l’envie de pousser mais bébé ne passe toujours pas, je commence à fatiguer et il ne trouve toujours pas le chemin du bassin… Je m’allonge sur le lit pour récupérer un peu et c’est là que Nathalie m’annonce qu’elle va devoir sûrement me transférer à l’hôpital…

« Quelles sont mes options ? »
« Ventouse ou Forceps… »

À ce moment-là, je suis fatiguée, vraiment fatiguée mais la part combattante en moi ne veut pas renoncer… Je ne veux pas aller à l’hôpital, le cœur de mon petit prince bat normalement, j’ai encore une chance.

Nathalie et Roselène sont en train de préparer mon transfert, Alex est sorti quelques minutes pour discuter avec elles. Je me retrouve seule dans la chambre et mon cerveau tourne a toute allure malgré les contractions qui continue de me cisailler le dos toutes les 2 minutes…

Et puis là, je me souviens d’une phrase que j’ai lue lors d’une de mes nombreuses lectures, il faut que j’aide mon bébé à trouver le chemin !!! Je ne sais pas où je trouve la force de me lever mais je me redresse et sort du lit. La douleur est terrible mais je ne veux pas laisser tomber ! Allez mon petit prince, toi et moi on peut le faire ! Je commence à faire faire à mon bassin des mouvements circulaires et à chaque contraction je fléchi les jambes pour que la gravité aide mon fils à trouver la sortie. Et puis je marche, encore et encore, en faisant des 8 avec mes hanches, je m’accroche à Alex qui est revenu dans la chambre, à chaque contraction, la douleur m’écrase mais je résiste, je marche sans m’arrêter, et puis finalement au bout de 5 longues minutes de rotation, je sens un léger changement.

Je me rallonge sur le lit pour que Nathalie puisse m’examiner et ça y est, bébé a passé le col ! Son cœur bat normalement, doucement, en rythme ! Il a finalement trouvé la route, je le sens descendre
lentement… Bravo mon petit prince !!!

Jusque-là, je m’étais préparé à la douleur de la dilatation, mais ignorante comme j’étais je pensais qu’une fois à dilatation complète le plus dur était derrière moi… C’est pourquoi toute la phase d’expulsion a été très compliquée à gérer… Autant par l’intensité de la douleur que par la
longueur. Je venais de courir un marathon de 12h et je devais enchaîner avec un deuxième alors que je m’étais plutôt préparé à un sprint… Mais maintenant que mon fils se battait avec moi pour venir à notre rencontre, j’étais déterminée à le faire naître dans cette chambre.

C’est cette détermination, les encouragements incessants que me murmurait Alex à l’oreille et le soutien physique et moral que m’ont transmis Nathalie et Roselène, qui m’ont permis de puiser au plus profond de moi pour trouver l’énergie de pousser, de concentrer mon souffle et de ne rien lâcher malgré la fatigue et la douleur.

Quant au bout de 4h30 interminables de poussée notre fils est finalement né, j’étais dans un état d’épuisement que je n’avais jamais ressenti, j’avais l’impression d’être passé sous un bus, mais heureuse et fière d’y être arrivée ! Heureuse qu’Alex ait cru en moi et que Nathalie et Roselène m’aient fait confiance !

Notre petit Arthur est finalement né à 1h18 du matin et la sage-femme de
l’échographie ne s’était pas trompée… un beau bébé de 4.390 kg !!