L’accouchement physiologique, c’est quoi ?
En une phrase, c’est un accouchement, qui, au lieu d’aller à l’encontre des mécanismes du corps d’une femme enceinte sous couvert de maîtriser la douleur et minimiser les risques, respecte et accompagne les processus naturels innés pour mener à bien – et survivre à – cette expérience bouleversante, et ce sans intervention médicale.
On développe ?
Pour que tout le nécessaire à un accouchement « facile » se déclenche, il faut tout d’abord se déconnecter d’une partie du cerveau, le néocortex (qui gère le langage et la réflexion) pour se connecter à une autre, le cerveau reptilien (qui gère les fonctions vitales, les besoins naturels et les comportements primitifs).
On redevient des bons gros mammifères. Dit comme ça, ça manque peut-être de clinquant, mais être un mammifère, ça a du bon. Je me souviens, étant moi-même enceinte, avoir observé une vache en train de vêler, et m’être dit d’en prendre de la graine. La vache, tu sentais que c’était pas le meilleur moment de sa journée, mais elle gérait ça comme une pro, pas un meuglement plus haut que l’autre, la respiration profonde, zen jusqu’au bout des sabots. Ou ce copain chevrier qui me raconte qu’en 15 ans de métier, y’aurait eu besoin d’une seule fois d’une épisiotomie, et encore c’est parce que le chevreau était mal positionné et qu’il a dû aller le chercher (oui, avec sa main, et là tu pleures pour la chèvre l’absence de péridurale). Mais bref.
Donc, l’idée, c’est de favoriser cette connexion au cerveau reptilien, qui va permettre de produire de l’ocytocine et même des endorphines (trop sympa ce cerveau reptilien). Et l’ocytocine, c’est LA base d’un accouchement au top. C’est cette hormone qui va provoquer des contractions de qualité, et en parallèle la sécrétion d’endorphines qui vont permettre de supporter mieux la douleur et de détendre le corps, détente qui va entraîner l’ouverture du bassin qui elle-même permet au bébé de mieux appuyer sur le col, ce qui va redéclencher une sécrétion d’ocytocine, etc, etc.
L’ennemi n°1 de l’ocytocine, c’est l’adrénaline. Il suffit qu’elle pointe le bout de son nez pour que l’ocytocine et ses copines endorphines se carapatent dans leur QG. Et plus d’ocytocine, plus de travail efficace . Plus d’endorphines, aïe aïe aïe.
Mais elle vient d’où cette adrénaline ?
Je vous le donne en plein dans le mille : du néocortex.
Mot d’ordre : absolument ne pas se reconnecter à cette partie-là du cerveau. Comment on fait ? On évite de la stimuler : pas de sollicitations, on parle pas, on réfléchit pas, on évite les stress sonores/visuels/olfactifs/tactiles.
On se met dans un cocon : pas de personnel médical qui pose plein de questions, on pense pas au sujet de philo du bac d’il y a 10 ans, les accompagnants (sages-femmes, conjoint.e, gynéco…) chuchotent (mais nous on a le droit de crier hein), lumière tamisée, température confortable pour se sentir bien au chaud, tout ce qu’il faut pour se sentir à l’aise et en sécurité, pour éviter à tout prix que l’adrénaline débarque avec ses gros sabots et salope tout le travail (exit aussi la belle-mère dont on a accepté la présence par politesse).
Autre point important : laisser de la mobilité au bassin. Bébé a deux ou trois virages serrés à passer avant de voir la lumière, c’est plus facile pour lui de se faufiler si sa route est articulée. Alors on se met à quatre pattes, debout, accroupie, sur le côté… Autant dire qu’allongée sur le dos, les papattes en l’air coincées dans des étriers avec les néons en pleine face, c’est pas le plus adapté, finalement. Dans ces conditions-là, tu m’étonnes qu’on vendrait notre âme au diable pour un shoot de péridurale.
Cet article a été rédigé par Cindy, une maman qui a été suivie à la maison de Naissance PHAM à Bourgoin Jallieu.