A titre d’exemple, je vous livre mon témoignage, un cheminement parmi des milliers d’autres, l’histoire et les envies qui m’ont menée à faire ce choix aussi minoritaire qu’inégalitaire – à l’échelle territoriale, l’offre en maisons de naissance est encore réduite. Mais nous travaillons à la rendre possible !

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Enceinte de mon premier enfant, je suis partie en quête d’une solution pour un accouchement tout en douceur, un accouchement dans l’eau. J’ignorais d’où me venait cette envie. Au fil des naissances, j’ai réalisé que ces choix inconscients étaient peut-être liés à la violence de ma naissance, narrée maintes fois par ma mère, qui en garde un souvenir traumatique. Quoiqu’il en soit, il a fallu un peu de temps, et le hasard des rencontres, pour que j’y parvienne, à cet accouchement rêvé.

Première grossesse : un accouchement désillusionné

En 2009, alors que je suis enceinte de mon premier enfant, la seule maternité lyonnaise qui propose des accouchements dans l’eau, et l’accompagnement qui va avec, vient de fermer ses portes. Elle a été rachetée et regroupée avec deux autres pour former une clinique privée. Sur son site Internet, cette dernière met en avant la physiologie et maints agrées à disposition des futures mères pour faire progresser le travail « naturellement » le jour J. Je m’inscris et découvre, en fin de grossesse, que la baignoire de dilatation, neuve et mise en valeur sur le site internet, n’a jamais été mise en fonctionnement. L’équipe, qui trouve les démarches complexes, n’a jamais fait la demande et ne semble pas y attacher d’importance. Je suis déçue par cette implication de façade mais n’ai pas connaissance d’alternative me permettant d’espérer mieux ailleurs.

Mon accouchement est finalement déclenché 10 jours avant le terme, pour manque de liquide amniotique. Je subis tout le protocole de déclenchement, avec décollement du placenta effectué à 3 reprises sans m’avertir ni m’expliquer ce geste, particulièrement douloureux et inutile sur un col non dilaté.

Pour seul accompagnement et « offre physiologique », je dispose d’un ballon sur lequel bouger pendant les premières contractions, en attendant la péridurale. En effet, à cette époque, malgré une recherche de physiologie, je suis persuadée qu’il ne sert à rien de « souffrir pour le plaisir » (j’ai une vision quelque peu dédaigneuse et formatée des femmes qui souhaitent accoucher sans analgésie), sans doute influencée par les récits douloureux de ma mère.

Pour une naissance déclenchée, l’accouchement se déroule bien, je n’en garde ni séquelle physique, ni séquelle émotionnelle et je me sens chanceuse pour ça. Mon bébé va bien, moi aussi.

La douleur de l’accouchement en question…

Après coup, j’aurai tout de même le sentiment d’avoir « été accouchée » plus que d’avoir accouché. Ce sentiment de passivité me poussera à envisager de vivre la douleur de l’accouchement, sans analgésie, pour être libre de mes mouvements, épaulée par l’expérience de ma sage-femme, et ainsi actrice de la naissance de mon enfant.

Ma rééducation du périnée ou la découverte de l’accompagnement global

Sur les conseils d’une collègue, je contacte un cabinet de sage-femme proche de mon travail pour y effectuer mes séances de rééducation entre midi et deux. Je fais ainsi la connaissance de Nathalie et au gré de nos échanges, je découvre le concept d’accompagnement global à la naissance. J’apprends également que Nathalie et sa collègue l’exerce par le biais d’accouchements en plateau technique, en partenariat avec une maternité située au sud de Lyon. Là, à la condition d’une grossesse non pathologique, tous les choix d’accouchements peuvent être entendus, écoutés et respectés. Là-bas, une baignoire est disponible pour permettre au moins un soutien pendant le travail. Je suis aux anges.

Comme nous souhaitons avoir des enfants rapprochés, je commence à en parler à mon conjoint, qui se montre un peu réticent à l’idée d’une naissance moins médicalisée. De mon côté, sur la base de mon expérience d’accouchement déclenché et avec analgésie, je me demande si je serai capable de supporter la douleur de l’enfantement du début du processus jusqu’à la naissance.

Mes échanges avec Nathalie sont rassurants, ses explications et son tempérament sont apaisants. Mon conjoint la rencontre également avant que notre projet de 2e grossesse soit mis en route.

Sa naissance en plateau technique, mon accouchement rêvé

Malgré un long moment passé à quatre pattes sur la banquette arrière de ma voiture (1h15) pour cause de périphérique saturé du vendredi soir (quelle idée de naître à cette heure-là !!!), j’arrive au plateau technique 1/2h avant la naissance de ma fille. Ces circonstances m’ont permis d’effectuer la grande majorité du travail seule et je suis ébahie d’apprendre, à mon arrivée, que je suis dilatée à 7. Que j’ai réussi à gérer « sans trop de mal », seule, une grande partie du processus de la naissance.

Après coup, mon conjoint me confie qu’il a été extrêmement stressé par le trajet en voiture, qu’il a ressenti un immense soulagement lorsqu’il s’est enfin garé sur le parking car il craignait de me voir accoucher dans la voiture. Il a aussi, et surtout, admis que cette naissance l’avait par la suite beaucoup moins stressé que la première. La surmédicalisation de mon premier accouchement était finalement beaucoup plus anxiogène que le contraire. Cette fois-ci, tandis que Nathalie s’assurait discrètement de la santé de mon bébé (monitoring portatif et écoute régulière du cœur avec un doppler) et de mon bien-être (proposition de différentes postures et massages), tout était calme, silencieux et tamisé dans la pièce qui allait voir naître notre enfant. Nous n’étions que trois, les trois seules personnes concernées et nécessaires à la venue au monde de notre bébé.

La maison de naissance, dans la continuité de l’accompagnement souhaité

Je suivais avec intérêt l’évolution des propositions de lois pour l’expérimentation des maisons de naissance. Quand cela a été rendu possible, ma sage-femme m’a appris qu’elle faisait partie du collectif qui œuvrait pour en ouvrir une dans le nord Isère. Il est devenu évident que j’y mettrais au monde mon 3e enfant, d’autant plus que le lieu était beaucoup plus proche de mon domicile et pourrait m’éviter d’éventuels nouveaux bouchons le jour J !

Entre plateau technique et maison de naissance, que choisir ?

De mon côté, je bénéficiais d’un suivi de ma sage-femme de aussi qualitatif dans les deux cas. Toutefois, l’environnement de la naissance s’annonçait beaucoup plus chaleureux et ses conditions beaucoup plus libres en maison de naissance qu’en plateau technique – j’ai ainsi pu profiter d’un second accouchement dans l’eau. Contrairement au plateau technique, où un séjour minimum en maternité est souvent la norme, la maison de naissance impliquait un retour précoce à la maison qui correspondait aussi davantage à mes désirs.

De son côté, malgré son esprit scientifique et son cartésianisme, mon conjoint avait admis avoir été beaucoup plus détendu lors du second accouchement, avec un dispositif médical minimal, que lors du premier. Il était également parfaitement confiance avec Nathalie : la voie était toute tracée !

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EN BREF

Accoucher en maison de naissance, c’est …

  • Un suivi médical respectant les recommandations de la HAS (Haute Autorité de Santé)
  • Une volonté et une offre de soin permettant d’accompagner chaque femme et chaque couple dans sa singularité
  • De l’écoute, beaucoup d’écoute

Amandine