Maisons de Naissance: Des structures à pérenniser et à développer sur tout le territoire

Aujourd’hui sort la première étude sur la qualité de soin en Maison de Naissance en France.

Une première étude positive sur les maisons de naissance testées en France

Les huit maisons de naissance ouvertes en France depuis 2016, qui permettent des accouchements sans hospitalisation, offrent «un niveau de sécurité satisfaisant», conclut l’étude d’un groupe de recherche indépendant, alors que les pouvoirs publics se prononceront bientôt sur la reconduction de ce modèle expérimental.

Ces lieux où les parturientes accouchent «dans le respect de la physiologie», en présence d’une sage-femme, «ont des résultats comparables» à ceux des autres pays à niveau de vie élevé, avec notamment «des complications maternelles peu voire très peu fréquentes» et «une très faible fréquence d’interventions» au cours du travail, selon ce premier rapport sur le sujet.

«Cet éclairage scientifique sur la question donne des arguments aux défenseurs des maisons de naissance», estime l’Ordre des sages-femmes, pour qui ces structures, autorisées à titre expérimental en novembre 2015 pour une durée de cinq ans, apportent «une vraie diversité dans l’offre de soins et la prise en charge» des accouchements.

Mais «l’évaluation de l’expérimentation que le gouvernement devait adresser au Parlement un an avant la fin de celle-ci (…) n’a toujours pas été réalisée», s’inquiète l’organisme déontologique, qui y voit un signe que «leur pérennisation est aujourd’hui compromise».

Les maisons de santé remettent une auto-évaluation annuelle aux autorités de santé, mais ses critères (attestation d’assurance professionnelle des sages-femmes, existence d’un protocole de prise en charge, niveau d’équipement, établissement d’une charte avec une maternité partenaire…) «ne permettent pas d’avoir une vision globale de la qualité des soins», a expliqué à l’AFP Anne Chantry, sage-femme et épidémiologiste à l’Inserm, qui a participé à l’étude.

– 649 femmes prises en charge –

Son groupe de recherche, six spécialistes en santé publique, de l’Inserm et du CNRS notamment, se sont donc «emparées du sujet» et présentent leurs conclusions vendredi au Sénat, devant des organisations des professions de santé concernées, des responsables et des usagères de ces maisons de naissance et des représentants du ministère de la Santé.

Leur rapport analyse les dossiers de 649 femmes prises en charge en 2018 par ces structures.

Il constate que 99% d’entre elles «respectaient les critères d’éligibilité» (pas de facteur de risque tels qu’un âge avancé, une obésité, des antécédents familiaux ou chirurgicaux, une grossesse gémellaire…)

«506 y ont effectivement accouché et 143 ont été transférées et ont accouché dans les maternités partenaires», soit 22% du total, en très grande majorité pour des situations à risque de complications mais sans urgence, telles que la non-progression du travail, ou pour une «prise en charge médicamenteuse de la douleur» (péridurale).

Parmi celles qui ont accouché en maison de naissance, «on notait moins de 3% de ruptures artificielle de la poche des eaux, moins de 2% d’épisiotomies, aucun ou seulement un seul toucher vaginal au total pendant le travail pour la moitié des femmes et une position librement choisie au moment de l’accouchement avec seulement 6% des femmes allongées sur le dos», ajoute l’étude.

Par ailleurs, les complications maternelles (lésions sévères du périnée, hémorragies sévères…) tout comme celles chez les nouveaux-nés (nécessité d’une réanimation) ont été très peu fréquentes. Et chez les enfants ayant subi des complications – dont un décès -, aucun dossier «ne présentait de facteur de risque spécifique» qui aurait justifié un transfert vers la maternité avant la naissance.

Le rapport recommande toutefois de «financer une étude épidémiologique» qui comparerait un groupe de femmes prises en charge en maison de naissance avec un groupe de profil comparable (à faible niveau de risque) ayant accouché en maternité, pour pouvoir conclure de façon certaine à la sécurité de ces lieux.

Une telle comparaison n’est pas possible à ce jour, déplore Anne Chantry.

L’étude préconise aussi d’harmoniser «les critères d’éligibilité des femmes pour un accouchement en maison de naissance» ainsi que «les critères de transferts des femmes et des nouveaux-nés vers les maternités partenaires».

Les huit maisons de naissance françaises sont situées à Paris, Castres (Tarn), Grenoble, Bourgoin-Jallieu (Isère), Sélestat (Bas-Rhin), Nancy (Meurthe-et-Moselle), en Guadeloupe et à La Réunion.

Il existe aujourd’hui plus de 150 lieux de ce type aux Etats-Unis, 169 au Royaume-Uni, une centaine en Allemagne ou encore 25 en Suisse, souligne le rapport.

Communiqué de l’AFP

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