Les Maisons de Naissance en Suisse

Aujourd’hui on part faire un tour d’horizon en Suisse avec Lilibete qui nous raconte son expérience et son accouchement dans une Maison de Naissance Suisse. Si vous souhaitez plus d’information voilà le site dédié aux Maison de Naissance suisse.

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Mon suivi et mon accouchement en Maison de Naissance – Neuchâtel, Suisse romande

Je suis tombée enceinte à l’âge de 25 ans. Une grossesse désirée et attendue par mon compagnon et moi. Étant tous deux peu à l’aise dans le milieu hospitalier, il a rapidement été pour nous une évidence que, si ma grossesse se déroulait bien et me le permettait, j’accoucherais en Maison de Naissance.

Il faut savoir que cela ne fait pas de nombreuses années que la Maison de Naissance Tilia est reconnue par les assurances de base, et de ce fait remboursée par ce biais. Heureusement, les choses évoluent et cette possibilité nous est offerte. C’est une vraie chance et j’en ai bien conscience !

Après avoir pris contact avec la Maison de Naissance Tilia, qui se trouve à Neuchâtel, dans le canton où je réside, un rendez-vous privé a été fixé afin que je puisse discuter et visiter les lieux avec une sage-femme indépendante travaillant pour/dans ladite Maison. Le contact a été très sympathique, je me suis tout de suite sentie comme à la Maison. Le tutoiement est de mise si nous le souhaitons et ça facilite tellement les échanges… J’ai tout de suite été conquise par le lieu et les explications liées au déroulement de l’accouchement pour le jour J. J’aurais le choix de la position dans laquelle je souhaiterais être lors de toute la durée du travail et de l’accouchement, des méthodes naturelles seront à ma disposition, tout cela dans mon respect, celui de l’enfant à naître ainsi que le futur père, pleinement inclus dans le processus dès le départ. Mais qui dit Maison de Naissance dit accouchement sans péridurale. Il faut être prête pour cela… Pour moi il était clair que j’apprendrais à gérer la douleur le moment venu.

Le but est simple, avoir rendez-vous chaque mois avec une sage-femme différente afin de toutes les avoir vues au moins une fois, étant donné que le jour J de l’accouchement nous ne savons pas en avance qui sera de garde. Une certaine relation de confiance est donc d’ores et déjà installée et les échanges n’en seront que plus aisés lors du jour J. Les rendez-vous remplacent ceux que nous aurions eu avec le/la gynécologue ; les échographies ne sont pas réalisées, sauf si nous avons un doute quelconque quant à la santé générale du bébé par exemple.

Nous ne sommes suivies et l’accouchement ne peut avoir lieu à la Maison de Naissance que si certains critères sont respectés, soit s’il ne s’agit pas d’une grossesse à risque ! C’est-à-dire : grossesse gémellaire, présentation par le siège, en cas de diabète, d’hypertension artérielle, etc.

Quelques semaines avant la date du terme, toutes les informations concernant les affaires, la paperasse administrative à prendre avec soi, sont donnés sous forme de liste. L’accouchement ne peut avoir lieu à la Maison de Naissance qu’une fois la 37 SA passée. Autrement, ce sera directement à l’hôpital. Par ailleurs, à la 32 ou 34 SA (je ne sais plus exactement…), notre dossier est enregistré à l’hôpital au cas où nous devrions tout de même accoucher là-bas, que ce soit parce que nous aurions des contractions avant la 37 SA ou parce qu’un transfert devrait se faire de la Maison de Naissance à l’hôpital lors de l’accouchement, pour une raison X ou Y.

Pour moi tout s’est déroulé parfaitement jusqu’au terme, d’ailleurs mon petit bout d’amour a pointé le bout de son nez 5 jours après le terme prévu ! Lorsque j’ai commencé à avoir des contractions, j’ai calculé leurs espacements et durées afin de savoir s’il s’agissait de vraies contractions ou non… Il s’est avéré que le travail venait de commencer. Quelle excitation ! Deux heures après, j’ai appelé le numéro de garde pour la première fois, et c’est par ailleurs cette sage-femme qui m’accompagnera tout le long du travail, de l’accouchement et des rendez-vous post-partum à la maison. Etant donné qu’il s’agissait de ma première grossesse et que le travail venait de débuter, que les contractions ne m’empêchaient absolument pas de parler ou de me déplacer, elle m’a demandé d’aller me balader, de prendre un bain et changer de positions durant les deux heures suivantes, afin d’être sûre que le travail persistait. Après avoir fait tout cela, nouvel échange téléphonique pour confirmer que les contractions s’intensifiaient gentiment mais que, pour le moment, je gérais très bien. Il a donc été convenu que je la rappelle en début de soirée pour faire un feed-back.

Après nous être préparés, avoir amené notre chien chez mes parents, être allés souper chez ma sœur (4 étages d’escaliers à monter à pieds avec les contractions !), j’ai décidé de rappeler la sage-femme vers 21h afin de lui faire part qu’il était sûrement préférable que l’on se retrouve à la Maison de Naissance d’ici une demi-heure car les contractions s’intensifiaient de plus en plus et que j’avais peur de ne plus pouvoir gérer aussi bien l’avancée du travail et les douleurs qui y étaient liées. Nous nous sommes donc retrouvés sur place à ce moment-là.

Une fois arrivés sur place, je me suis tout de suite sentie à l’aise, comme à la maison, dans un grand cocon chaleureux, rempli de bienveillance, de douceur et de compréhension. La sage-femme était d’une douceur incroyable, tant par ses paroles que par ses gestes, et elle a su m’accompagner, ainsi que mon compagnon, avec beaucoup de professionnalisme et de patience tout le long du travail. Mon compagnon et elle se relayait pour me masser le dos durant les contractions, elle a proposé à mon compagnon d’aller se reposer une heure ou deux avant que le rush ne commence et tout cela était bienvenu. Toutes les deux nous avons discutées, nous nous sommes déplacées, j’ai changé de positions toujours en sa compagnie, puis arrivé à 7cm de dilatation du col, elle m’a proposé de remplir la baignoire, ce que j’ai accepté avec un immense plaisir. C’est à ce moment-là qu’elle a profité d’aller réveiller mon compagnon et qu’il nous a rejoint, et c’est également à ce moment précis que j’ai été prise de panique durant quelques minutes et que je me suis dit que je n’y arriverais jamais. Elle a su trouver les mots pour me rebooster, et c’était décidé, je mettrais mon enfant au monde coûte que coûte, malgré la douleur, ici !

De longues heures se sont encore écoulées avant que mon petit bout d’amour ne pointe le bout de son nez, longues heures durant lesquelles j’ai pris de grandes inspirations, ai expiré par de grandes poussées, en étant tantôt sur le dos, tantôt sur le ventre, accoudée au bord de la baignoire ou tenant par les mains mon compagnon. Autant le temps paraissait long et interminable, autant le temps paraissait suspendu… Nous n’avions plus la notion du temps réel qui passait, il nous tardait juste de rencontrer ce petit être tant attendu et chéri.

Lorsque le travail touchait à sa fin, la sage-femme a appelé une seconde sage-femme ; c’est la règle en Maison de Naissance, elles sont toujours deux lors de l’accouchement pour parer à tout problème ! Elle était également d’une grande gentillesse, bienveillante et adorable.

A 2h37, notre fils, Ezrah, est venu au monde. Il est né dans l’eau, tel un petit poisson, serein, magnifique et en pleine et parfaite santé. Nous sommes restés là, tous trois lovés, durant quelques minutes. Le cordon ombilical a été coupé seulement lorsqu’il a cessé d’avoir des pulsations… et ce fût un moment magique, indescriptible, si beau. Pendant que l’une des sages-femmes s’occupait de lui, l’autre s’occupait de moi. Et c’est mon compagnon qui s’en est occupé en attendant que je ne délivre le placenta.

Grâce à la douceur de la sage-femme, je n’ai pas eu de déchirures, ni d’épisiotomie (une de mes plus grande crainte !) et la délivrance après l’accouchement s’est passé sans encombre et rapidement. J’ai donc tout de suite après pu prendre mon fils dans les bras, où il a tété pour la première fois, et j’ai ressenti un grand sentiment de plénitude et d’accomplissement. Je ne remercierais jamais assez les sages-femmes pour tout ce qu’elles ont fait, que ce soit leur présence rassurante, leur professionnalisme et tout ce qui englobe leur profession d’indépendante en Maison de Naissance.

Deux heures après nous sommes montés en chambre et nous étions comme à la maison. Nous vivions à notre rythme et c’était fabuleux. Des infirmières sont là de nuit en cas de problème, nous pouvions les appeler à tout moment. Et des contrôles sont effectués durant la journée, tant pour la maman que pour le bébé.

La particularité des Maisons de Naissance, c’est que le papa peut rester dormir avec nous ! Et ce fût le cas durant deux nuits consécutives, nous sommes ensuite rentrés chez nous le troisième jour. La nuitée et repas du papa est à nos frais, mais il est tout à fait possible de bénéficier d’une aide si nous n’avons pas les moyens financiers pour cela. Tout est mis en œuvre pour que les trois éléments soient réunis dès le départ. Que du bonheur.

Pour les visites, c’est quand on veut, le temps que l’on veut, et ça aussi c’est merveilleux. Pour les repas, le petit-déjeuner et le dîner sont commandés par la sage-femme ou l’infirmière le soir d’avant, selon nos désirs. Et le soir on commande ce que l’on souhaite où on le souhaite et tout est remboursé par la Maison de Naissance (la part de la maman est remboursée par l’assurance et la part du papa est payé par la facture envoyée ultérieurement chez nous).

Les Maisons de Naissance suisses proposent une hospitalisation à la suite de l’accouchement, contrairement à la France où le retour précoce s’effectue après la naissance.

C’est une chance d’avoir pu accoucher en Maison de Naissance, j’en ai bien conscience. C’est dommage que certaines personnes aient encore aussi peu confiance en ces lieux… pourtant si merveilleux. Je suis actuellement enceinte de mon 2e et si tout se déroule aussi bien que pour le 1e, j’accoucherais également en ses murs. J’ai hâte. Et je souhaite à toutes les femmes de pouvoir donner naissance de la manière dont elles le souhaitent, dans tout le respect qu’elles méritent.

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